Salut les apprentis photographes, aujourd’hui on parle de Stranger Things, et surtout de comment progresser en photo en restant assis sur son canapé. Beau programme, non?
Il y a quelques jours, j’ai fini de regarder la saison 3 de Stranger Things, et je me suis dit en la regardant que cette série était vraiment superbe visuellement et que j’avais sans doute plein de trucs à apprendre en la regardant à travers le prisme de mes yeux de photographe. L’inspiration c’est important en photo, et faire le plein d’inspiration en regardant une série Netflix sur son canap’ c’est quand même le pied non ?!
J’ai un peu creusé la question, et je vous propose aujourd’hui 5 leçons de photo qu’on peut retirer de Stranger Things.
Avant d’aller plus loin, je voulais dire que je ne vais pas spoiler l’intrigue dans cet article, donc vous pouvez lire sans crainte, mais je vais quand même utiliser quelques scènes d’illustrations tirées des saisons 1 & 2 donc si vous êtes un puriste et que vous ne les avez pas encore vues, vous êtes prévenus !
1. Suggérer ou montrer ?
La première leçon de la série, c’est que suggérer vaut parfois mieux que tout montrer.
Dans Stranger Things, on a une ambiance un peu film d’horreur, avec des monstres effrayants et un monde parallèle appelé l’Upside down. Et tous ces éléments effrayants ne sont pas montrés directement, ils sont suggérés, puis révélés petit à petit au fur et à mesure des épisodes. Le Shadow monster de la saison 2 par exemple, n’est visible dans son entier que tard dans la saison. La raison est que notre imagination est plus forte que toutes les images qu’on pourrait filmer. Du coup, en ne montrant pas ou peu les parties effrayantes, on laisse au cerveau du spectateur le soin de remplir les blancs avec son imagination fertile, et ça rend les choses bien plus effrayantes encore…
On peut utiliser le même procédé en photo, ne pas tout montrer et laisser une partie de l’histoire se dérouler hors du cadre – c’est une bonne manière de stimuler l’imagination du spectateur. Et ça ne marche pas seulement si on cherche à faire peur. En photo de nu par exemple, suggérer est souvent plus intéressant que de tout montrer. Ca laisse une part de mystère, ça fait travailler l’imagination.
Mais on peut aussi utiliser le procédé en photo de rue. Dans cette série de photos, le photographe Henri Cartier-Bresson ne photographie pas le spectacle (le couronnement du roi Georges V) mais les spectateurs. Les photos de la foule et leur intensité montrent bien l’intensité du spectacle en lui-même.
Donc première leçon, suggérer vaut souvent mieux que montrer.
2. Tout est lumière
Quand on regarde Stranger Things on se sent vraiment directement pris dans l’ambiance, on a l’impression d’y être, de vivre dans les années 80. Dans Stranger Things, l’ambiance lumineuse est très marquée. On voit beaucoup de rouge, de bleu, de néons partout, de scènes contrastées, de brouillard.
Bref, une des première choses qu’on remarque quand on regarde Stranger Things avec un oeil de photographe, c’est la place centrale qu’occupe la lumière dans la série.
Le directeur de la photographie, Tim Hives, celui qui est donc responsable de ce à quoi va ressembler l’image, explique qu’il utilise des techniques d’éclairage qui ne sont plus utilisées aujourd’hui mais qui l’étaient dans les années 80, et que ça participe à l’ambiance « rétro » de la série. Par exemple, quand une scène se déroule à l’intérieur de nuit, elle est éclairée par une lumière bleue qui vient de l’extérieur par les fenêtres. C’est une technique qui était beaucoup utilisée dans les années 80 et qu’on peut retrouver dans des films comme E.T. par exemple, mais qu’on n’utilise plus aujourd’hui. Cela montre comme des choix de lumières et de couleurs peuvent influer sur l’ambiance.
Il y aurait des tonnes d’autres exemples d’éclairages brillants utilisés dans la série, mais on ne peut pas tous les citer bien sûr.
Cette leçon de Stranger Things est sans doute la leçon la plus importante à appliquer quand on prend des photos. La lumière doit être au centre de notre travail.
Nous devons toujours penser à comment utiliser la lumière pour mettre en valeur un sujet, mais au-delà de ça, on peut utiliser les différentes caractéristiques de la lumière pour créer des ambiances et des histoires. La lumière est la base de tout en photo.
3. Ne pas avoir peur du contraste
Dans Stranger Things, il y a de nombreuses scènes où les personnages sont dans des environnements très sombres et ne sont éclairés que par une seule source de lumière. Cela fait ressortir les personnages ou la scène grâce à des lumières très contrastées. Ce que fait le ici le directeur de la photographie, c’est de nous concentrer vraiment sur l’essentiel. Dans l’exemple ci-dessous, on se concentre sur les visages et les expressions, car le contraste nous indique que c’est le plus important.
Dans cette autre scène, on ne se concentre pas sur les visages des personnages en eux-même, mais sur le fait qu’ils sont en train de se balader dans des tunnels effrayants qui sont en fait l’intérieur d’un monstre… Bref l’idée n’est pas de nous montrer véritablement les visages, mais plus de nous faire ressentir l’effroi et la solitude qu’on ressentirait dans la même situation. Cet éclairage particulier marche très bien car en voyant moins les personnages mais plus l’action et la situation effrayante, on se met davantage à leur place, on est encore plus dedans, encore plus effrayé.
C’est une leçon qu’on peut bien sûr utiliser en photo, les schémas de lumière très contrastés peuvent être utilisés pour mettre en valeur et cacher les différents éléments de l’image en fonction de ce sur quoi on a envie d’appuyer, de ce qu’on veut raconter.
Personnellement je l’utilise de plus ne plus en mariage, que ce soit en utilisant la lumière d’une fenêtre, comme ici, ou d’un flash. Ca me permet réellement d’isoler le ou les personnages principaux qui m’intéressent, et de donner avec ma photo cette impression qu’ils sont “seuls au monde”, qu’ils sont dans leur bulle de bonheur de jeunes mariés malgré le fait qu’ils sont souvent très entourés.
4. Nettoyer le cadre
Dans Stranger Things, il y a un personnage, Eleven, ou El, qui est capable de projeter sa conscience dans l’espace pour aller chercher des informations, pour retrouver des gens par exemple. Je sais, comme ça, ça a l’air complètement barré… Mais ce qui est très fort c’est que pour symboliser ceci les réalisateurs ont créé un espace complètement vide, dans lequel on peut voir seulement quelques objets qui fatalement se détachent beaucoup du reste. Les scènes sont tellement vides que inévitablement les quelques objets ou personnages présents prennent une importance énorme dans la scène.
Je pense qu’on peut utiliser cette leçon en photo, parfois utiliser une approche minimaliste et supprimer tout ce qui est inutile peut nous aider à rendre nos photos plus fortes, plus intenses. Je vous dis pas de faire toutes vos photos en studio sur un fond noir, mais de garder le principe de simplifier au maximum vos images pour les rendre plus fortes.
Regardez par exemple cette photo que j’ai prise à New York, j’ai délibérément choisi de ne montrer qu’un seul building et pas toute la skyline, parce que je souhaitais montrer que ce building (et pas les autres) disparaissait dans les nuages. Si j’avais gardé tous les autres immeubles, ils auraient été une source de distraction, et mon propos aurait sans doute été modifié, ou en tout cas plus dûr à cerner.
5. Attention aux détails
Ce qui fait la force d’une série comme Stranger Things, ce qui nous fait nous sentir si immergés dans une époque et une ambiance, c’est aussi une immense attention aux détails. Dans ce cas précis, les détails sont utilisés pour nous donner des informations de lieu et d’époque. Sur chacun des plans, il est très clair qu’on est aux États-Unis et dans les années 80. Les vêtements, les coiffures, les maisons, les expressions, tout renvoie à cet endroit et à cette époque. La décoratrice en chef de la série raconte que chaque objet est pensé pour être en accord avec la série. Il n’y a pas dans le champ de la caméra un seul objet qui ne vienne pas des année 80. Le moindre papier de bonbon est une fidèle réplique d’une marque d’époque, ou le branding d’époque d’une marque qui existe toujours (comme 3 Musketeers).
La morale de ceci, qu’on peut bien sûr appliquer à la photo, c’est que les détails font toute la différence.
Prenons un exemple, si vous souhaitez faire une photo de modèle typée 50’s, vous pouvez habiller la modèle avec des habits d’époque, puis prendre la photo en studio. Ce sera déja pas mal. Mais vous pouvez aller plus loin et ajouter des détails qui vont également participer à créer cette ambiance 50’s : allez chez votre grand mère et mettez-vous devant un papier peint d’époque, même si vous trouvez ça pas très beau et que c’est peu visible en arrière-plan, ce sont ces genres de petits détails qui vont faire passer votre photo au niveau supérieur.
Une bon exemple de comment un ensemble de petits détails peut créer une ambiance forte, c’est le travail de la photographe Aure-Élise Laforgue et sa série Grandma’s house. Elle photographie des détails qui nous transportent dans une époque ancienne et une atmosphère oublié. Allez jeter un oeil à son travail sur Instagram, ça vaut le coup : (https://www.instagram.com/liltrotteuse).
Il y a des tonnes d’autres trucs qu’on peut apprendre de Stranger Things, notamment sur la composition, mais cet article est déjà très long, je vais donc me contenter (pour l’instant tout du moins) de ces 5 points là !
Comme je vous le disais au début, il est vraiment important de penser photo et inspiration un peu tout le temps, de puiser dans d’autre arts et dans la vie de tous les jours des inspirations et des astuces qui nous font progresser.
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